1996, Foyer Bellerive – La Malbaie

L’oeuvre conçue pour le foyer Bellerive met en situation différents éléments et personnages qui, à prime abord, n’ont rien en commun sinon que d’être d’une certaine époque. Inspiré d’un texte poétique de Félix-Antoine Savard, de même qu’alimenté par une série de photographies d’Edweard Muybridge sur la locomotion humaine et animale, et grâce surtout à quelques archives photographiques prises Ici et là et qui relatent certains moments de cette région sur une période de 100 ans, l’oeuvre prend tout son sens en mettant en contexte un personnage légendaire: Alexis Lapointe dit «le trotteur».

En effet, à travers ce personnage, toute une époque prend vie; il est à la charnière de deux siècles à la fois dans une poursuite des traditions et dans un élan de modernité. Il a enjambé le 20ième siècle comme un défi au progrès, courant au devant des trains, gambadant au côté des chevaux attelés et pouvant parcourir ainsi de longues distances sans la moindre fatigue. De l’exploit à la légende, de Charlevoix jusqu’au Saguenay, il est devenu un mythe, une sorte de centaure où les mémoires s’en sont emparé.

Certaines personnes se sont chargé d’écrire sur lui et personne mieux que Félix-Antoine Savard l’a fait. Plusieurs similitudes et contrastes les unissaient à la fois. Ils étaient, chacun à leur façon, de grands voyageurs, amoureux de la nature et de liberté, l’un par instinct, l’autre par émotion. L’un défiait la machine, l’autre l’oubli. Ce que Alexis le trotteur façonnait par ses mains et ses pieds, F.-A. Savard le faisait par l’esprit et c’est dans cette dualité que l’oeuvre pour le foyer Bellerive a été conçue: par leurs différences marquées et par réciprocité.